RUPTURE DU LIGAMENT CROISÉ
ANTÉRIEUR
Le ligament croisé antérieur (LCA) constitue avec le ligament croisé postérieur (LCP), le « pivot central » du genou. Ces deux ligaments sont présents dans la partie centrale du genou et se croisent en son centre. Le pivot central est un élément indispensable à la stabilisation du genou en mouvement. Ainsi, le LCA s’oppose au déplacement du tibia vers l’avant et à sa rotation en dedans. La rupture du LCA correspond à la déchirure partielle ou totale de ses fibres.
Causes
La rupture du LCA survient couramment lors d’un accident sportif. Le mécanisme lésionnel est une flexion brutale du genou associée à un varus et une rotation interne en appui. Parfois, celle-ci survient à la suite d’une flexion, un valgus et une rotation externe simultanée du genou. Les sports à risque de rupture du LCA sont les sports pivot tels que le football, les sports de contact tels que le judo, et également le ski. Le mécanisme lésionnel d’une rupture du LCA est également en cause dans l’apparition d’autres lésions ligamentaires tels qu’une entorse du ligament collatéral médial (LCM) ainsi que des lésions méniscales. Il existe des facteurs prédisposant tels que l’hyper laxité ligamentaire, des anomalies morphologiques du fémur telles que l’échancrure fémorale étroite, ou encore des pathologies bénignes du LCA tels que le kyste mucoïde du LCA.
Du fait de la faible vascularisation physiologique du LCA, celui-ci cicatrise mal à la suite d’une lésion.
Symptômes
Lors de l’accident, le patient ressent brutalement un craquement dans le genou associé à une douleur vive. Le genou gonfle progressivement dans les heures qui suivent : c’est l’hémarthrose, qui correspond à l’épanchement de sang dans l’articulation. Le genou se bloque temporairement et est douloureux à l’appui. Dans les semaines qui suivent la lésion, le genou devient instable générant des dérobements spontanés dans certaines positions et mouvements de la vie courante.
Diagnostic
Le diagnostic d’une rupture du LCA est dans un premier temps clinique. Certaines manœuvres reproduites lors de l’examen du patient sont les témoins d’une laxité antéro-postérieure du genou par absence fonctionnelle du LCA. Il s’agit du tiroir antérieur qui témoigne de l’absence de frein à la translation antérieure du tibia, genou en position fléchie. Le test de Lachmann est marqué par un arrêt mou ce qui signifie que le tibia n’est plus stoppé par le LCA et se dérobe en avant du genou. La rupture du LCA est très souvent concomitante de la rupture du ligament antérolatérale (LAL) du genou. Ce dernier empêche la rotation interne de la jambe sur le fémur. En cas de lésion du LAL, le patient présente un ressaut rotatoire interne. Lorsque ce ressaut est « explosif » générant une très grande instabilité du genou, il est nécessaire d’effectuer un geste chirurgical spécifique de reconstruction du LAL par ligamentoplastie.
Lorsque la rupture du LCA est partielle, le patient est parfois peu symptomatique et les tests cliniques sont souvent normaux. Il est alors nécessaire de réaliser un test fonctionnel de laximétrie du genou appelé GNRB®. Celui-ci consiste à faire effectuer un tiroir au genou traumatisé par un appareil mesurant la laxité au millimètre près.
Le bilan paraclinique d’une rupture du LCA consiste en des radiographies simples du genou à la recherche de signes indirects d’entorse du LCA. L’imagerie par résonance magnétique du genou (IRM) est l’examen de référence : celui-ci objective la rupture ligamentaire, en précise la topographie et le caractère partiel ou complet. Il permet également le bilan des lésions associées telles qu’une lésion ligamentaire périphérique (ligament collatéral latéral ou ligament collatéral médial) ou encore une lésion méniscale. Cet examen est indispensable au diagnostic et utile au bilan préopératoire.
Traitement
Le traitement d’une rupture du ligament croisé antérieur dépend de l’âge, de la demande fonctionnelle et sportive du patient ainsi que de sa motivation.
Au décours immédiat d’une suspicion de rupture du LCA, il est nécessaire de consulter afin de pratiquer une ponction évacuatrice du genou. Celle-ci favorise la récupération des mobilités du genou et l’indolence en levant l’inhibition du quadriceps. Par la suite, une immobilisation de courte durée est proposée puis des séances de kinésithérapie sont réalisées afin de récupérer la flexion et l’extension complète du genou. En cas de rupture complète du LCA chez un patient sportif, il est recommandé d’envisager un traitement chirurgical de reconstruction du LCA par ligamentoplastie. Celui-ci vise à prévenir l’apparition de lésions méniscales et cartilagineuses provoquées par l’instabilité du genou. En cas de rupture partielle non symptomatique ou chez un patient peu sportif et âgé, il peut être envisagé un traitement fonctionnel. Celui-ci consiste en un protocole spécifique de kinésithérapie axé sur le renforcement quadricipitale visant à stabiliser le genou. En cas d’échec de cette procédure, l’intervention chirurgicale peut toutefois être proposée.